...; et puis nos ânes


LES ANES

La ferme de l'ermitage fut d'abord concue pour y installer un centre de randonnées équestres que j'avais initiées en 1996 déjà en collaboration avec le haras de Beclean. Le projet m'apparut vite désastreux sur plusieurs plans: manque de motivation de ma part (j'aimas cavaler dans les montagnes mais de là à vivre tout le temps avec des chevaux! des partenaires irresponsables et un manque de demande à l'époque pour ce type de loisir.

Vers 2005, j'échangeais donc les Shagyas arabes pour des ânes. Quel bonheur ! Tout fut source de plaisir : leur compagnie, la reconnaissance des circuits et la découverte d'une région aux collines douces, étrangère à toute fréquentation touristique.
 
En 3 ans nous mîmes sur pied avec ma compagne Adriana un périple de 5 jours en boucle avec départ et retour à l'ermitage.

Profil des balades accessible à tous les âges, logement chez l'habitant après des journées aux parcours adaptables: de 3 à 7 heures de marche quotidiennes, découverte de paysages chaque jour différent, dégustation de la gastronomie paysanne roumaine, véritable leçon d'autonomie alimentaire. Tous les mets sont faits maison ou presque: oeufs et poulets, pain (parfois), légumes et fruits, vin et eaux de vie.

Situé à cheval sur les 2 départements de Cluj et Bistrita-Nasaud, le tracé nous conduisait dans des villages tantôt hongrois, tantôt roumains. Sur les chemins de terre qui les reliaient et qu'empruntaient jadis les habitants du coin, nous croisons encore les charrettes attelées avec leurs familles allant aux foins pour la jounée, nou traversons des vignobles, des vergers chargés de cerisiers (le village de Ciresoaia signifie le village de la cerise, spécialité avec le noyer, de cette région horticole).

Sur les quelques 60 Km que nous pacourons en 5 jours, nous ne foulerons que 3 Km d'asphalte. Ce ne sont que des chemins de campagne parcourant les crêtes (de 300 à 600M d'altitude) les forêts, les pâturages et les vergers.
































































































































































































































































































































Ce que je cherche doit se trouver dans une forme ou une autre de bouddhisme.



“Peut-être nous disons-nous : « Ne dis pas que le monde est impermanent parce que c’est pessimiste ». Mais qu’importe notre expérience ou les sentiments que nous inspire l’impermanence; le monde est impermanent” [Kat93, p.109]. “C’est la découverte d’une philosophie extrêmement profonde. Peut-être que l’Occident à longtemps pensé qu’il n’y avait de philosophie que grecque, et c’est un peu comme si brusquement on ouvrait un coffre et qu’on découvrait toutes les œuvres de Platon.” [Matthieu Ricard, Le bouddhisme et l’occident] Le Bouddhisme est un choc philosophique pour un Européen. Non pas que le bouddhisme soit la vérité. Mais y poser un regard tolérant et critique permet d’accéder à un monde de pensée différent. Je me suis proposé un jour de laisser derrière moi mes préjugés négatifs sur les explications traditionnelles que les religions ont du monde (par exemple, dans le cas du Bouddhisme, sur la réincarnation), considérant qu’elles sont intenables si on les prend à la lettre mais souvent faciles à interpréter si on accepte de les considérer comme des métaphores de faits bien terrestres. De plus, je me suis aperçu que mon esprit occidental athée, voire antireligieux, acceptait plus facilement de se pencher sur ce que propose une religion s’il considérait que celle-ci n’offre pas nécessairement une interprétation du monde tel qu’il est mais tel que l’humain désire qu’il soit. Sur ce plan, le bouddhisme peut dévoiler tout un pan de la psychologie humaine que l’Occident ignore ou néglige. Lorsque je me suis penché sur le bouddhisme avec ce regard pour la première fois, la pensée qui le sous-tend m’est apparue comme la plus sensée des explications des fonctionnements humains qu’il ne m’ait été donné d’approcher. Mais de façon plus surprenante, elle m’est apparue comme la continuation logique du développement de la pensée occidentale! Ce qui est un paradoxe, la pensée bouddhiste étant apparue 2500 ans avant la pensée occidentale avec laquelle je la compare. Le monde occidental opère lentement un virage philosophique qui le rapproche du bouddhisme : • La pensée scientifique occidentale ne se développe qu’à partir du moment où elle accepte, contre sa pensée religieuse dominante, que toutes les choses ont une cause explicable et que toutes les choses sont mutables (c’est-à-dire qu’il n’existe pas de cause originelle et qu’aucune chose n’est intrinsèquement immuable). Or ces deux pensées, la causalité et l’impermanence, sont la base de la pensée philosophique bouddhiste. • L’histoire des sciences occidentales et en particulier de la physique montre qu’il n’y a pas de “réalité” objective mais seulement des manières d’interpréter le monde (sans pour autant que celles-ci se valent toutes); parallèlement, la psychologie opère le même virage. • Les sciences de la cognition décrivent depuis récemment le comportement de l’individu comme le seul effet d’interactions d’éléments interdépendants, tant au niveau microscopique (les neurones) qu’au niveau macroscopique (les agents dans le groupe). • Les méthodes occidentales de soulagement du malheur (les thérapies) prennent leur source dans la découverte de l’inconscient et dans l’idée que pour sortir du malheur, il est possible9d’agir sur soi et non pas sur le monde. Les méthodes récentes insistent sur la capacité de transformer les problèmes en occasions d’améliorer son existence. Or toutes ces pensées sont inhérentes au bouddhisme. Il n’est pas impossible qu’une réflexion nourrie mène immanquablement aux mêmes conclusions éthiques (“the timeless truths of all humanity”, [Cov89, p.292]) mais les “valeurs” sont aussi impermanentes que les modes ou les sociétés. Le jugement que les humains ont de l’importance des choses varie considérablement. La plupart des notions sur lesquelles sont basées nos existences (y compris celles pour lesquelles nous pensons souffrir) n’auraient aucun sens si nous vivions ailleurs ou à une autre époque, et souvent même n’ont eu ou n’auront aucun sens pour nous-mêmes à une autre période de notre vie. Nous nous laissons influencer par ce que nous avons l’habitude de voir ou d’entendre. Le fait de le comprendre permet d’accorder moins d’importance à des possessions particulières, à un mode de vie, à des ambitions, à des critères esthétiques, et aussi aux jugements des autres

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